Comparatif entre des kanji manuscritsVoici une question qu'on me pose souvent, notamment des lecteurs du blog. Je ne prétends pas donner ici de cours de japonais mais je vais quand même vous expliquer le fonctionnement et l'utilisation des divers systèmes d'écriture dont les Japonais se servent.

L'écriture arriva très tardivement au Japon, entre le IVe et le VIe siècle. Les sinogrammes, appelés kanji au Japon, furent importés de Chine et les Japonais tentèrent d'appliquer ce système à leur langue parlée. C'est ainsi que les kanji possèdent plusieurs lectures : une d'origine chinoise appelée onyomi et une japonaise, ayant généralement le même sens et provenant du vocabulaire japonais, appelée kunyomi. Chaque caractère a donc un (ou plusieurs) sens le plus souvent identique d'une lecture à l'autre.

Langue japonaiseLa complexité de ces sinogrammes a très tôt, dès l'ère Heian (période médiévale correspondant partiellement à la notre), donné naissance à deux syllabaires purement japonais, aux formes plus simples et au nombre bien plus limité : les kana. Les katakana furent dérivés des sinogrammes et utilisés pour transcrire la prononciation des textes bouddhiques alors que les hiragana, de forme plus cursive, furent dérivés du sanskrit et utilisés pour l'enseignement des non-lettrés, en particulier les femmes.
Ces deux systèmes sont encore utilisés. Les katakana servent toujours à transcrire les mots étrangers (et, plus occasionnellement, servent à mettre un mot en relief dans un texte) et les hiragana sont les plus utilisés. Ils permettent aux jeunes Japonais, connaissant peu de kanji, d'écrire la langue de façon simplifiée mais ils servent surtout d'outils grammaticaux. Ils peuvent ainsi marquer les déclinaisons des mots verbaux, les niveaux de politesse, et plus simplement, ce sont d'incontournables mots outils permettant de découper la phrase japonaise.

Nous rajouterons récemment à cette liste les caractères romains, les nôtres, qui, bien que les katakana leur soient préférés, sont assez fréquemment utilisés pour les sigles, titres, marques, noms propres étrangers, etc.

C'est ainsi que nous pouvons lire dans l'Asahi Shinbun (journal de référence au Japon) des phrases comme :
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Autre extrait, pour ceux qui ne peuvent pas afficher le japonaisVoici donc un beau mélange (ci-contre, un extrait en image pour ceux qui ne parviennent pas à lire le japonais en format texte) qui peut sembler donner du fil à retordre aux lecteurs mais qui, finalement, est plus facile à lire que si tout était écrit, par exemple, en hiragana, puisque les Japonais n'utilisent pas d'espace entre les mots ^^'

Je préciserai juste pour finir qu'il y a deux sens d'écriture possibles en japonais. L'une, dans les deux illustrations ci-haut, se lit de haut en bas et de droite à gauche (comme dans les manga) et l'autre fonctionne à l'occidentale : horizontale et de gauche à droite, comme sur la dernière illustration.

J'espère que vous aurez compris quelque chose. Il est difficile de faire bref sur un sujet aussi vaste et complexe. N'hésitez pas à poser des questions !