Still Walking, Aruitemo AruitemoVoici un film comme j'aimerais en voir plus souvent sur grand écran en France.
Ici, pas de surenchère émotionnelle, pas de courses effrénées après la montre, pas de catastrophe mondiale aux États-Unis, pas d'acteurs qui hurlent à tout bout de champs. Still Walking, de son appellation japonaise æ­©ã„ã¦ã‚‚ æ­©ã„ã¦ã‚‚ (Aruitemo aruitemo), est un film simple qui sait nous montrer la vie quotidienne, la vie de chacun d'entre nous, de façon passionnante.

La famille Yokoyama se réunit tous les ans en la mémoire du fils aîné défunt dans des conditions tragiques, en sauvant un jeune garçon de la noyade. Les retrouvailles sont plutôt joyeuses et, alors que son mari semble boudeur et renfermé, la matriarche organise un véritable festin pour tous en compagnie de sa fille, dont j'ai adoré la voix et la façon de parler. L'ambiance est chaleureuse et semble si loin d'un rassemblement funeste qu'on a envie de les rejoindre de l'autre côté de l'écran.
Mais chaque personnage cache une part d'ombre.

Le fils cadet, honteux de s'être retrouvé au chômage, veut garder cet échec secret. Il apporte pourtant un regard lucide sur les situations de chacun et se trouve le seul à s'indigner et parfois monter le ton. Sa femme, jeune veuve rejetée par sa belle-famille à cause de son statut, incarne la femme idéale, d'une politesse sans faille, et son fils est un jeune garçon particulièrement introverti.
La sœur de la famille, accompagnée de son mari bon à rien et de leurs enfants, essaie tant bien que mal de s'incruster dans le foyer parental pour soulager la situation économique de sa propre famille. Le couple tente donc de se montrer tout sourire et aussi serviable que possible.
La mère et grand-mère semble être une femme gaie, gentille et maternelle, mais cache cependant une cruauté à la fois compréhensible et interloquante pour chaque membre de son entourage. Son mari, quant à lui, est le seul à ne pas cacher ses humeurs, partant bouder pour un rien, passant la majorité de sa journée cloîtré dans son bureau, âpre et obstiné.
Puis il y a bien sûr Junpei, le fils, le frère, omniprésent par son absence, et le jeune garçon sauvé, qui a grandi, est devenu obèse, rongé par la culpabilité, le sentiment d'avoir volé la vie d'un autre, et ratant ainsi la sienne. Il se trouve là par obligation, invité indésirable qui ne sert qu'à assouvir la colère et la rancœur d'une mère rongée par la perte de son enfant. C'est cruel mais étrangement, le spectateur comprend la douleur de cette femme et ne peut pas se révolter de son comportement.

Comme dans tout film japonais, plusieurs niveaux de lecture sont à disposition. Une histoire qui pourrait arriver partout ailleurs, des sentiments communs à chacun de nous, mais aussi une dimension plus philosophique sur la mort, les liens filiaux, la société et ses contraintes, ses critères stéréotypés... Still Walking remue tout cela en douceur, nous fait réfléchir sans nous brusquer tout en restant agréable et plaisant. Et ce parfum de Japon ne le rend que plus attirant encore !
Je vous conseille vivement d'aller le voir en VO pour profiter des voix des acteurs dont certaines ne sont vraiment pas imitables en français. Et puis, les cinémas d'art et d'essai sont moins chers, alors pourquoi ne pas en profiter ?
En attendant, un petit avant-goût ?

Plus d'infos sur ce film

Affiche présente à titre de fair use.